Prix de la lutte anti-corruption : la presse écrite gravit seule le podium de l’édition 2022

Le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) a honoré, ce 27 juin 2023, à travers les Prix de la Lutte anti-corruption (PLAC), les journalistes qui se sont distingués au cours de l’année 2022 par leur courage et professionnalisme dans la dénonciation des faits de corruption au Burkina Faso.

De la gauche vers la droite. Viviane Tiendréogo (membre du jury), Christophe Compaoré (Président du jury), Sagado Nacanabo (Secrétaire exécutif du REN-LAC) et Bertin Lukanda (Team Leader de Particip, partenaire du PLAC) ont présidé la cérémonie de remise des prix.

Les Prix de la Lutte anti-corruption (PLAC) récompensent, chaque année, les journalistes qui s’illustrent, à travers leurs productions, dans la lutte contre la corruption et la mal gouvernance au Burkina Faso. Ces prix sont décernés, depuis 2003, par le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC). « Une manière de reconnaître les mérites, bien souvent ignorés, d’une corporation dont les membres œuvrent, parfois au péril de leurs vies, pour alerter la société sur les actes repréhensibles des gouvernants », confie le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo.

À ses débuts, le PLAC était exclusivement réservé à la presse écrite. Mais compte tenu de l’importance du traitement des sujets de corruption par les journalistes burkinabè au cours des dernières années, le prix s’est progressivement élargi aux autres catégories de médias avec la prise en compte de la radiodiffusion dès 2014, puis de la télévision et de la presse en ligne cette année.

Pour cette édition 2022, 87 œuvres dont 86 articles de presse écrite et une production radiophonique étaient en compétition. L’ensemble de ces œuvres a été examiné par un jury de cinq membres constitués de quatre professionnels des médias et d’un magistrat.

Si l’on note une forte augmentation du nombre d’œuvres en compétition cette année par rapport à l’édition 2021, le jury déplore, néanmoins, l’absence de productions de journalistes femmes, de même que l’absence de production en presse en ligne et en télévision. Sans oublier la très faible production radiophonique. Il a invité les différentes rédactions, en particulier celles de la presse en ligne et de la presse audiovisuelle, à encourager et à soutenir les initiatives journalistiques visant la dénonciation des cas de corruption à travers le genre enquête.

Pas de prix pour l’audiovisuelle

Cette année, le jury a primé quatre journalistes, tous issus de la presse écrite. La seule œuvre radiophonique en compétition n’a pas été retenue au regard de sa qualité moyenne, selon le Président du jury, Christophe Compaoré, magistrat à la retraite et ancien Procureur général près la Cour des Comptes.

En presse écrite, Boukari Ouoba, du Reporter, a reçu un prix d’encouragement pour son article « Fédération Burkinabè de Football : Un marché de plus de 77 millions F CFA illégalement attribué, selon le président Banssé », publié dans le N°335 du 1er au 14 juin 2022 du bimensuel.

Le troisième prix est revenu à Lomoussa Bazoun de Courrier Confidentiel pour ses articles « Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire : Des vivres avariés de plus de 4 milliards F CFA dans les magasins » et « Affaire vivres avariés : Quand la SONAGESS présente des vivres de la CEDEAO et du Japon comme les siens » parus dans les N°277 et 278 des 15 et 25 juillet 2022 du journal.

La journaliste Mariam Sagnon, qui a représenté Atiana Serge Oulon à la cérémonie, a reçu le prix de ce dernier des mains du Secrétaire exécutif du REN-LAC.

Hervé D’Afrik, Directeur de publication du même journal, a, lui, obtenu le deuxième prix grâce à ses œuvres « Les non-dits du coup d’État :  Une affaire de primes et de parcelles précipite la chute du Président Damiba » et « Affaire DG de la LONAB : Ces centaines de millions qui font du bruit ». Articles publiés respectivement dans Courrier Confidentiel N°285 du 5 octobre 2022 et N°286 du 15 octobre 2022.

En ce qui concerne le grand lauréat, le jury a porté son choix cette année sur Atiana Serge Oulon, Directeur de publication de L’Événement. En 2022, ce dernier s’est illustré notamment par deux enquêtes qui ont défrayé la chronique. Il s’agit des articles intitulés « Drame d’Inata : un lieutenant venait à chaque fin de mois prendre 20 000 000 » et « Lutte contre le terrorisme : des soupçons de détournement de l’argent des VDP, un capitaine empoche 400 000 000 », parus dans L’Événement N° 482 du 25 novembre 2022 et N°483 du 10 décembre 2022.

Un choix que le jury justifie par « les efforts de recherche de preuves, la clarté, la lisibilité, la cohérence, l’intérêt, la pertinence du sujet, ainsi que le caractère complet de l’œuvre. »

Une presse engagée contre la corruption

Le Secrétaire exécutif du REN-LAC a profité de l’occasion pour interpeller les autorités à prendre des mesures de protection nécessaires aux journalistes dans l’exercice de leur métier, surtout lorsque ceux-ci enquêtent sur des cas de malversations ou rendent compte aux citoyens des manquements constatés.

Le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, a exhorté les journalistes à persévérer dans leur dynamique de lutte pour une gouvernance vertueuse au Burkina Faso.

« Nous devons nous réjouir de cette chance d’avoir une presse engagée contre la corruption et la mal gouvernance. Car, en dépit de sa grande précarité, la presse burkinabè est à encourager dans ses efforts pour mettre la lumière sur les mauvaises pratiques qui gangrènent notre société », souligne Sagado Nacanabo.

Selon lui, dans le contexte actuel de la lutte contre le terrorisme, le rôle de la presse s’avère essentiel pour la moralisation de la vie publique à travers le contrôle de l’action du gouvernement. « Cependant, l’efficacité des médias reste tributaire de la disponibilité d’informations crédibles et fiables. C’est pourquoi, le droit d’accès à l’information et la transparence des activités des pouvoirs publics sont des éléments qui améliorent l’efficacité du travail des journalistes, partenaires privilégiés du REN-LAC dans la prévention de la corruption au Burkina Faso », a-t-il rappelé. Avant de plaider pour l’opérationnalisation effective de la loi N°051 portant droit d’accès à l’information publique et aux documents administratifs.  Le décret d’application de cette loi, adoptée il y a plus de huit (8) ans, n’a toujours pas été pris. Un manque de volonté politique que déplore le REN-LAC.

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Encadré

Nature des prix

Prix d’encouragement : 400 000 F CFA et une attestation

Troisième prix : 500 000 F CFA et une attestation

Deuxième prix : 700 000 F CFA et une attestation

Premier prix : 1 000 000 F CFA, une attestation et un trophée.
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CIC

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