JNRC 2023 : le REN-LAC met au cœur du débat la contribution citoyenne à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

La 18ème édition des Journées nationales du Refus de la Corruption (JNRC) se tiendra du 1er au 09 décembre sur le thème « Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme : quelle contribution citoyenne ? ». Une manière pour le REN-LAC de contribuer au renforcement de la lutte contre ce phénomène dans un contexte d’insécurité.

Sagado Nacanbo, Secrétaire exécutif du REN-LAC (milieu), a souligné la nécessité de l’engagement citoyen dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

 

Le blanchiment des capitaux peut se définir comme étant le fait de donner une apparence licite à des capitaux illicites provenant entre autres de la corruption, des détournements de deniers publics et des fraudes fiscales. Le Burkina Faso n’est pas épargné par cette réalité qui, en général, sévit là où prospère la mal gouvernance.

Or d’après Transparency international (TI), le niveau de corruption reste préoccupant au Burkina Faso. En 2022, le pays a obtenu la note de 42/100 dans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC). Une performance bien en deçà de la moyenne (50/100).

Par ailleurs, le rapport 2021 sur l’état de la corruption au Burkina Faso, publié en décembre 2022 par le REN-LAC, indique un accroissement continu du phénomène sur les six dernières années. Entre 2016 et 2021, le niveau de corruption a connu une hausse substantielle de 30 points, passant de 41 points à 71 points.

Selon l’indice de Bâle sur le blanchiment d’argent, développé depuis 2012 par l’Institut de Bâle sur la Gouvernance, les pays les plus touchés par la corruption s’avèrent aussi les plus exposés au risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.

À lire : Burkina Faso : la corruption poursuit sa courbe ascendante

Pays à haut risque

Cet outil indépendant d’évaluation des risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme dans le monde considère le Burkina Faso comme un pays à haut risque. Il a été classé, en 2023, 34ème sur 152 avec un indice de 6,48 sur 10.

L’indice de Bâle s’appuie sur 18 indicateurs pour évaluer le blanchiment d’argent et le risque de financement du terrorisme. Ces indicateurs sont regroupés en cinq domaines clés. Il s’agit de la qualité du cadre juridique de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme (65%), du risque de corruption (10%), de la transparence et des normes financières (10%), de la transparence publique et de la redevabilité (5%), du risque juridique et politique (10%). Chaque indicateur est noté de 0 à 10, où 10 indique le niveau de risque le plus élevé. Plus le score final d’un pays est proche de 10, plus le risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme est élevé. Et vice-versa.

Au Burkina Faso, comme le montre l’Évaluation nationale des risques (ENR) de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme, réalisée en 2019, plusieurs secteurs d’activités présentent un niveau de risque élevé. On peut citer l’immobilier, le transport, les banques, les jeux de hasard et les transferts d’argent.

De même, le rapport diagnostic « Menaces et vulnérabilités » de l’Évaluation nationale des risques de financement du terrorisme, publié en janvier 2023, révèle un niveau de financement du terrorisme très élevé dans notre pays.
Cette dernière évaluation a mis en relief des insuffisances et des défis dans la lutte contre l’utilisation des personnes morales et des constructions juridiques à des fins de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.

Faire face à la menace

Pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, le Burkina Faso s’est doté d’un dispositif juridique et institutionnel avec l’adoption de la loi n°016-2016/AN, ainsi que la création d’une Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF) et de pôles judiciaires spécialisés.

Dans cette dynamique, la CENTIF a adopté un plan d’actions en 2019. Un groupe de travail a également été mis en place pour effectuer un diagnostic des menaces et vulnérabilités aux risques de financement du terrorisme et proposer un plan d’actions pour la période 2023-2027 afin de contrer plus efficacement la menace.

Du côté du Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC), on espère que cette 18ème édition des JNRC concourt, par le débat public, au renforcement des actions citoyennes de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme au Burkina Faso.
« Les débats devraient permettre de pointer du doigt non seulement le niveau du phénomène dans notre pays, de détecter les causes plausibles, d’évaluer les conséquences et surtout d’identifier des actions concrètes à mener », précise Sagado Nacanabo.

Pour le Secrétaire exécutif du REN-LAC, les JNRC 2023 sont une suite logique de celles de 2022 qui avaient analysé le lien de causalité entre la corruption et le terrorisme. « La présente édition se veut aussi une modeste contribution de notre Réseau à l’assainissement de la gouvernance administrative et financière sans lequel il nous paraît difficile de gagner le combat engagé contre le terrorisme », assure-t-il.

La sécurité étant une question transversale, le REN-LAC demeure convaincu qu’une lutte implacable contre la corruption et les infractions assimilées rendra plus efficaces les efforts militaires consentis dans la lutte contre le terrorisme.


Programme des JNRC 2023

Les activités de la 18ème édition des JNRC auront lieu à Ouagadougou et dans les Comités régionaux anti-corruption (CRAC) : Hauts-Bassins, Centre-Ouest, Nord, Est, et Sud-Ouest.

Un grand panel sur le thème de l’édition « Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme : Quelle contribution citoyenne ? » se tiendra le vendredi 08 décembre à partir de 14h00 au Conseil burkinabè des Chargeurs (CBC). Les panélistes retenus pour débattre de ce thème sont la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF), la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), le Parquet du Tribunal de Grande instance (TGI) Ouaga I et le REN-LAC.  La modération des débats assurée par M. Idrissa Ouédraogo, professeur titulaire d’économie et précédemment enseignant à l’Université Thomas Sankara.

À côté du panel, d’autres activités telles que des émissions radio-télé ainsi que des conférences publiques vont rythmer ces journées.

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CIC

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